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29 septembre 2017

Je m'appelle Lucy Barton, d'Elisabeth Strout

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Ed Fayard, 19 €

 

Peut-on savoir qui l’on est quand la vie vous a malmené dès l’enfance et que la seule solution a été de fuir ?

Au moment où le livre commence, l’héroïne et narratrice Lucy Barton doit être au mitant de sa vie, c’est une écrivaine reconnue et elle partage sa vie avec son deuxième mari violoncelliste. Mais elle a eu une autre vie, elle s’est d’abord appelée Lucy-Barton-bordel-de- merde. Plusieurs années auparavant, elle a été hospitalisée pour une appendicite, et elle est restée 9 semaines à l’hôpital, pour des suites infectieuses qui ne seront jamais vraiment élucidées, maladie somatique ? Au cours de ces neuf semaines, sa mère, qu’elle n’a pas revue depuis des années, vient passer cinq jours et cinq nuits à son chevet. Le roman est une alternance de ces conversations entre mère et fille, et les scènes de souvenirs de son enfance. Une enfance pauvre, malheureuse, dans la crasse et la violence sourde, dans une petite ville de l’Illinois, où un vieux garage faisait office de maison, où le manque, de nourriture, de moyens, d’affection, rythmait le quotidien. La mère frappe parfois sans raison, le père, traumatisé par la guerre est peut-être même incestueux. Lucy Barton est celle qui a réussi à s’extraire de ce milieu originel. Sauvée par la lecture, elle a quitté cette famille, fait des études supérieures, s’est mariée, a eu deux filles, et habite New York. Elle n’est pas celle qui a trahi, mais celle qui s’est élevée. Rien ne sera jamais abordé frontalement dans ces discussions entre mère et fille, on frôle parfois les secrets, mais il n’y aura pas de règlement de compte frontal, juste un temps partagé d’attention et d’échange qui fera office de premier pansement : « C’est le son de la voix de ma mère dont j’avais besoin : ce qu’elle disait n’avait pas d’importance. »

Marion

article publié dans le numéro de rentrée de Pages des libraires

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