25 octobre 2016
Jean-Claude Lalumière, Le Front russe
LGF/Livre de Poche, 6,10€
UNE SATIRE DÉSOPILANTE et PATHÉTIQUE PLEINE D'IRONIE
« Toute vie est bien entendu un processus de démolition » lançait Fitzgerald au début de La Fêlure.
Voilà ce que peint J.C. Lalumière à travers les mésaventures de son héros qu'on pourrait lire comme les confessions de celui qui se demande : « Comment j'ai pu en arriver là ? ».
Plein de rêves, un novice débarque à Paris et dans le monde du travail et ira de gaffes en échecs.
Avec un grand sens du BURLESQUE et beaucoup humour, J.C. Lalumière raconte cette épopée désopilante et pathétique, donc, dans l'univers kafkaïen de l'Administration Française (l'enlèvement d'un pigeon mort sur une fenêtre, un discours à photocopier, un debrief de voyage, une simple réunion...).
En effet, il raconte l'arrivée de cet antihéros (le genre qui reçoit toujours un 11/20 « ce qui correspond à la note attribuée au candidat dont le jury pense qu'il pourra convenir s'il n'en vient pas de meilleur avant la fin des épreuves », « à la frontière de l'échec ») dans une annexe du Ministère des Affaires étrangères et ce, en décrivant les vagues de fond qui déterminent ses choix et ces « grains de sable » qui l'empêcheront de transformer sa vie en destin.
Ce récit plein de nostalgie (où les souvenirs apparaissent comme des bagages trop encombrants), très drôle et qui demande si « l'histoire d'une vie, c'est toujours l'histoire d'un échec » mesure l'écart entre les aspirations d'un doux rêveur (peuplées de voyages et de stabilité) et la réalité (telle cette vue dégagée sur les toits qui lui « évoque douloureusement la perspective prometteuse qui [lui] fut un temps ouverte »).
Hugues
Extrait p. 27 :
« L'hydre à deux têtes, l'une qui souriait [le père], l'autre qui pleurait [la mère], m'apparaissait soudain bien inoffensive. J'ignorais que la distance n'empêcherait en rien son ingérence. Le grain de sable était déjà dans le mécanisme que j'avais patiemment assemblé durant des années, depuis l'instant où la vie dont je rêvais avais pris forme dans mon imagination enfantine jusqu'au bouclage de ma valise la veille de mon départ. »
p. 60 : A propos du chef du bureau des pays en voie de création/section Europe de l'Est et Sibérie
« Le bateau n'était pas sans capitaine à bord, ce qui eût été plus facile, mais naviguait avec un capitaine qui mettait le cap sur les récifs tandis que l'équipage manœuvrait discrètement pour les éviter. »
15:33 Publié dans Coups de coeur de Hugues, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0)
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