20 août 2016
Le grand jeu, Céline MINARD
18€ - Rivages
Céline Minard sort Le Grand Jeu
Une femme choisit de s’isoler dans un cadre sauvage et grandiose au cœur d’un cirque montagneux où elle souhaite vivre dans une solitude réglée : elle s’y est préparée, elle commence son entraînement.
La montagne, lieu du désert et du dépassement offre un cadre à la mesure de cette prise de distance : âpre et rugueux, austère et digne, difficile et exigeant. Ainsi son refuge, loin du monde et seul foyer, semble à la fois d’une sobriété exquise et d’une efficience mûrement réfléchie. Alors tout peut commencer, le travail quotidien et les temps bien aménagés (jardin, violoncelle, marche…) permettent une quiétude et livrent l’accès d’un cheminement spirituel fait de résonances et de questionnements philosophiques. Ces exercices, l’apprivoisement de son environnement et sa description minutieuse, nous projettent parfois dans une tranquillité de l’âme que ne renieraient pas les maîtres bouddhistes. Ce texte mêlant poésie, méditation, symbolisme, onirisme, élévation du corps et de l’esprit, symbiose avec le monde animal n’est pas sans évoquer les écrits de René Daumal (Le Mont Analogue), Erri de Luca (Le poids du papillon), Samivel ou Bernard Amy (L’Alpiniste), pour ne citer qu’eux. Pourtant, avec légèreté, il s’affranchit aussi de ces parentés grâce à l’écriture enlevée et comme nettoyée, purifiée par l’altitude, de Céline Minard. Belle, fluide, percutante et très précise, elle permet d’être tout à la fois poétique et imagée, un peu à la façon dont pourrait fonctionner un objectif grand angle ou bien macroscopique (de superbes passages !). Toute à sa tentative de confrontation et d’accomplissement (personnel, physique et spirituel), notre personnage va cependant faire une rencontre et vivre là un bel imprévu. Après avoir patiemment et raisonnablement posé des jalons, borné son domaine et accordé sa vie, une perte de repères s’augure : comment accepter ou refuser la situation, et que faire ? Voilà ce dont il s’agira dans la deuxième partie de ces pages brillantes.
Romain
Article publié dans le n°179 de la revue Page des Libraires
11:33 Publié dans Coups de coeur de Romain, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0)
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